1 - Benetnash (ou Alkaïd) (Eta Ursae Majoris) : L'étoile est azurée et a une magnitude de 1,87. Elle est située à une distance de 210 années-lumière de nous et sa luminosité est 600 fois plus forte que celle du Soleil.

"Pleurez pierrots, poètes et chats noirs, la lune est morte..." Non ! Mahomet... je suppose... le prophète... traîné dans ce corbillard arabe, drapé de noir, accompagné dans sa pérégrination céleste de trois pleureuses (la queue de la Grande Ourse). Alkaïd: "la maîtresse des pleureuses" clôt la marche. Elles se lamentent, inconsolables, comme autrefois Job, lorsqu'il découvrit dans ce coin de ciel ce "brancard", avancé déjà pour le conduire dans la fosse. La mort, comment ne pas la palper partout, quand elle règne en despote sur la terre entière ? On l'a transportée, ô scandale ! dans le ciel. Alkaïd, quant à elle, mène le choeur à la baguette. Pas question de faillir dans cet art difficile.

Des 7 étoiles de la Grande Ourse, Alkaïd est la plus chaude: 19 000°. 150 soleils bleus rassemblent toute leur énergie pour nous donner un concert de bon ton. Des flots de larmes jaillissent, comme il se doit, comme c'est la règle, de ces grands yeux bleus. Ce cortège funèbre passe à 101 AL.

a : 13 h 47 m 32 s d : 49° 18' 48" Sp : B3 V T : 19 000° (BC : -1,82)
m = 1,85 M = -0,6 L = 150 soleils p = 32,39 Dist: 101 AL simple

2 - Mizar ( Zêta ) : Etoile de magnitude 2,4. Située à environ 78 années-lumière, est extrêmement connue.

Mizar ! Ce seul nom charme vos oreilles... Que veut-il dire ? Mystère, mystère... "Pagne" en arabe, mais les Arabes appelaient cette étoile "Al Anaq" : "la chèvre des pleureuses" lesquelles suivaient éplorées leur fameux corbillard... Pas drôle du tout... Alors qu'en est-il ? Où se cache la vérité ? Dans l'imagination de l'italien Scaliger, paraît-il, qui, au XVIIème siècle, a lancé dans la cour des astronomes et l'agora des badauds, ce nom: Mizar ! qui sonne si bien.

Comble de chance, il figure dans la Bible : c'est le nom propre d'une montagne. Mizar, la petite reine des étoiles doubles, depuis que Galilée l'a dédoublée dans sa maigre lunette. Imitons maintenant Galilée, et pointons notre télescope sur Mizar. Pas de doute : elle est double, composée de deux étoiles très semblables, écartées seulement de 14"4. On les mettrait toutes deux dans un cratère de la Lune - en diamètre apparent bien sûr. Très beau couple teinté de bleu. Ont-elles tourné l'une autour de l'autre depuis qu'on les observe ? Non. Alors comment sait-on qu'elles sont liées l'une à l'autre ? Elles sont à la même distance (78 AL), et ont le même mouvement radial. Mais alors, si elles n'ont pas bougé de façon appréciable, il faut croire qu'elles sont très écartées ? Bien sûr ! Au moins 8 fois la distance de Pluton au Soleil. Beaucoup plus sans doute.

"Entrez, entrez, mes demoiselles, venez voir Mizar au spectroscope." Nous pénétrons à pas feutrés dans ce laboratoire astrophysique, où trônent divers objets inconnus à nos yeux. Mizar est là dans le ventre de l'instrument. Mizar ? Oui ! Son spectre, qui s'étale multicolore. "Joli arc-en-ciel !" - "Considérez mes demoiselles, les raies sombres qui le coupent en de multiples endroits. Vos yeux tout jeunes ne tarderont pas à..." - "... Ah oui ! monsieur, elles sont paires, groupées deux par deux !" - "Et bien cela signifie que Mizar est une étoile double, je parle de Mizar A et de Mizar B, les deux composantes de ce couple, si bien que cette étoile est quadruple. D'ailleurs, si vous aviez le temps, je vous garderais dans mon laboratoire pendant 20 jours." - " Pourquoi cela ?" - " Pour que vous assistiez en direct à la révolution complète de l'un des couples, le plus rapide. Vous verriez les raies de son spectre se croiser une première fois, puis une seconde, avant de reprendre leur position initiale.

20,5 jours, c'est la période de Mizar A, 175,5 jours, celle de sa compagne: Mizar B. Il faut le savoir !" - "Et on ne peut pas les voir dans un télescope ?" - "Ces couples serrés, non, le premier ne dépasse pas la distance de Mercure au soleil, le second celle de Vénus. Inutile d'essayer." "Une autre question, monsieur: sont-elles grosses ces étoiles ?" - "Plus grosses que le soleil, mes demoiselles, plus grosses. A lui seul le premier couple en vaut 60, et le second 14, en luminosité. Tenez, pour terminer, je vais vous donner une idée de leur distance réciproque. Si nous écartons les étoiles du premier couple de 1cm - échelle démesurément réduite (étoiles microscopiques) - les étoiles du second couple sont à 4 cm, et les deux couples écartés de 18 m." - "Et les 18 m représentent ce que l'on voit dans un télescope ?" - "Exactement, ce que Galilée a vu avant tous."

a : 13 h 23 m 55 s d : 54° 55' 31" Sp : A2 V et Am T : 9800° (BC : -0,25)
m = 2,23 (2,25 et 3,87) M = 0,35 et 1,97 L = 60 et 14 soleils p = 41,73
D = 78 AL Quadruple

3 - Alioth (Epsilon Ursae Majoris) : Etoile de magnitude 1,8, est une étoile faiblement variable. Distante de 75 années-lumières, on pense qu'elle a une étoile compagne qui expliquerait la variation de sa luminosité.

Alioth = "la queue grasse". On appelle aussi cette étoile "le cheval noir", noir dans la nuit tachée d'encre, accroché au timon du char. Ne le voyez-vous pas ébranler cette lourde charrette, peiner pour accomplir sa tâche ? Mais au fait, qu'y a-t-il dans la charrette ? Que transporte-t-il ? Y avez-vous songé ? Des cadeaux, comme le père Noël qui descend du ciel ? Des âmes, qui montent au ciel, comme le pensait Alphonse Daudet: "Le char des âmes"... Allez-y, remplissez-le vous aussi... Alioth n'est pas aussi paisible que vous pensez. C'est un cheval fougueux, téméraire, irrégulier dans sa course...

Tous les 5,08 jours, il passe de la magnitude 1,79 à 1,76 : difficile à apprécier, j'en conviens. A cause de cette variation d'éclat, il est classé dans une famille spéciale de variables: les "Alpha 2 des Chiens de Chasse". Il paraît que notre équidé a absorbé du chrome en quantité élevée, cause de tous ces caprices... Dans son moteur, 100 "chevaux-vapeur" (soleils), grosse boule bleue qui se promène à 81 AL.

a : 12 h 54 m 01 s d : 55° 57' 35" Sp : A0 p T : 10 800° (BC : -0,40)
m = 1,76 M = -0,21 L = 100 soleils p = 40,30 D = 81 AL variable

4 - Megrez (Delta Ursae Majoris) : Etoile de magnitude 3,3, est la moins brillante des étoiles du Chariot. Eloignée de 60 années-lumière, elle est 16 fois plus lumineuse que le Soleil.

Mégrez = "la racine de la queue". Cassera, cassera pas... Eh ! C'est la plus fragile des 7, avec seulement 25 soleils en réserve. Bleutée comme toutes les autres - Dubhe exceptée - elle appartient comme le soleil à la "série principale". Un compagnon s'approche à 3' d'écartement (189"6), de loin (magnitude 9,9). Comme Mégrez est une étoile relativement proche: 81 AL, il peut très bien lui être lié par l'attraction gravitationnelle.

a : 12 h 15 m 25 s d : 57° 01' 57" Sp : A3 V T : 9200° (BC : -0,20)
m = 3,32 M = 1,33 L = 25 soleils p = 40,05 D = 81 AL 1 compagnon

5 - Phekda ou (Phad) (Gamma Ursae Majoris) : Etoile de magnitude 2,4, est un tout petit peu plus éloignée de nous que que Merak.

Elle se déplace en groupe avec d'autres étoiles de la constellation ( Bêta, Delta, Epsilon, Zêta, etc ...) vers la constellation du Sagittaire. Dans cette course, le groupe se rapproche de notre système solaire à 12 km/s.

Après les reins, tâtons la "cuisse": Phekda. Un jambon d'Ourse, qu'en direz-vous ? De quoi tailler des tranches pour tous les affamés de la planète... y compris les musulmans... Pour l'instant, elle est soumise à l'effort, comme les reins, pour entraîner le char des étoiles dans l'arène du ciel. De couleur bleue, elle rayonne autant d'énergie que Mérak: 60 soleils. Elle s'active à 84 AL de notre étoile.

a : 11 h 53 m 49 s d : 53° 41' 41" Sp : A0 V T : 10 800° (BC : -0,40)
m = 2,41 M = 0,36 L = 60 soleils p = 38,99 D = 84 AL simple

6 - Merak (Bêta Ursae Majoris) : Etoile de magnitude 2,4, est éloignée de nous de 60 années-lumière. C'est une étoile blanche 30 fois plus lumineuse que le Soleil.

Mérak = "les reins". Scrutons-les. Ils suent sous l'épaisse pelisse. Tourner, tourner, encore et toujours, en 24 h autour du Pôle, effort colossal ! Réalisez l'ouvrage pour ramener chaque jour le soleil aux humains, les étoiles aux astronomes, aux marins, et la lune aux poètes. De couleur bleue, très chaud, ce rein dégage une énergie considérable, égale à 60 soleils. Par ses dimensions, l'étoile est commune, appartenant à la série principale, la "classe V" des étoiles rangées, sans histoire, celles qui travaillent discrètement, efficacement, "brûlant" leur hydrogène, et le transformant par là même en hélium. C'est ce que fait notre soleil, perdant au cours de cette opération 4 millions de tonnes par seconde.

Oui, je dis bien, 4 millions de tonnes, volatilisées en énergie rayonnante, véritable explosion nucléaire entretenue dans le temps. C'est cela un soleil, ou une étoile. Si bien que sur Terre (hors atmosphère), nous recevons 1400 watts par mètre carré. De quoi faire fonctionner un fer électrique ! Ces étoiles de la "classe V" ont un rayon semblable à celui du soleil, pouvant grimper jusqu'à 3 ou 4 rayons solaires au maximum. Leur couleur s'étale du rouge au violet, suivant leur température. Quant à leur masse, elle peut prendre toutes les valeurs connues pour les étoiles: de 0,08 à 30... voire 60 masses solaires... Mérak travaille à 79 AL.

a : 11 h 01 m 50 s d : 56° 22' 56" Sp : A1 V T : 10 500° (BC : -0,32)
m = 2,34 M = 0,41 L = 60 soleils p = 41,07 D = 79 AL simple

7 - Dubhe (Alpha Ursae Majoris) : Etoile de magnitude 1,8, partage avec Epsilon le privilège d'être l'étoile la plus brillante de la constellation.

En reportant 5 fois la distance séparant Alpha et Bêta ( Ce couple est appelé " les Gardes " ), on atteint l'étoile Polaire. Dubhe a une compagne de magnitude 7 distante de 6 d'arc. Eloignée de nous de 80 années-lumière, elle est 100 fois plus lumineuse que le Soleil.

"Dubhe", le gros nounours des astronomes. Eh ! son nom signifie "ours" en arabe. Nounours chéri que l'on emporte avec soi, lorsque l'on va au lit, non, au télescope ! Regardez-le. C'est bien lui, de couleur feu, douillet, grassouillet, chaud comme une bouillotte. 230 soleils sortent de ses poils oranges. Son ventre maternel, réconfortant, chasse en une seconde toutes vos angoisses (26 rayons solaires).

Quel poids : 5 masses solaires ! Venez vous blottir contre lui. Mais... la place est déjà prise ! Un ourson se cache dans cette toison serrée, agrippé aux peluches de sa mère sans doute... En 1993 - dernière mesure en ma possession - il se tenait à 0"6 de la brillante étoile. Il peut descendre à 0"42 pour remonter, lorsqu'il relâche son étreinte, à 1"1 (orbite vraie). Jamais plus ! Taquinez-le pour découvrir son visage. Sa magnitude s'élève à 4,80 pour 1,80 à l'étoile principale.

Tous les 44,66 ans, il accomplit un tour d'orbite. Danse rapide pour une étoile ! Mouvement incessant, infatigable, il est dopé au lait maternel, tantôt circulant à la hauteur d'Uranus, tantôt à celle de Neptune par rapport au soleil. Mesurons son éclat. Bigre ! Il l'emporte 15 fois sur celui notre étoile. Bel ourson tout blanc, pelage de jeunesse sans doute... En vente à 124 AL.

a : 11 h 03 m 43 s d : 61° 45' 03" Sp : K0 III T : 4900° (BC : -0,54)
m = 1,81 M = -1,08 L = 230 soleils p = 26,38 D = 124 AL double